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VENICE CONTEMPORARY ARCHITECTURE MAP
Un envoi de Marc Dubois, retour de Venise... C'est un dépliant édité à l'occasion de la Biennale 2025 : "Mapping the Biennale and the City : VENICE CONTEMPORARY ARCHITECTURE MAP (intelliGENS • 19. International Architecture Exhibition 10.5 - 23.11.2025". Et en tête de la rubrique "THE ICONS 1907/2018", comme il le faisait observer via une carte postale envoyée de Padova...

UNE AURA EN DEVENIR
Le document met en évidence les icônes de l'architecture du XXe siècle dans les différents quartiers de la Sérénissime, affectant à chaque icône construite une icône graphique pour en faire sauter aux yeux l'image architectonique. Les noms les plus marquants y sont repris : Aalto, Ando, BBPR, Calatrava, Chipperfield, de Carlo, Fehn, Gregotti, Nervi, Rietveld, Rossi, Siza, Stirling, ... et bien sûr Carlo Scarpa, le mieux représenté avec sept occurrences. Marc Dubois fait observer que la première de ces icônes n'est autre que celle de la façade du "Padiglione Belgio", dans son état actuel, avec comme créateur... Léon Sneyers ! Cette configuration résulte en réalité des apports de Léon Sneyers en 1907, 1909 et 1912, d'Albéric De Bosscher en 1930 et de Virgilio Vallot en 1948, avec la restauration en profondeur de Georges Baines en 1995 et surtout en 1997. Quoi qu'il en soit, Le pavillon de Léon Sneyers étant le premier érigé dans les Giardini di Castello, il a gardé une aura historique mise en évidence par exemple dans les différentes éditions du "Guida ai padiglioni della Biennale di Venezia dal 1887" de Marco Mulazzani, souvent réédité depuis 1988. Virgilio Vallot apparaît également, avec Angiolo Mazzoni en regard de l'icône de la Stazione Santa Lucia. L'histoire architecturale du pavillon de la Belgique est aussi complexe qu'étonnante, aussi saccadée que passionnante, comme le montre un premier aperçu tiré d'une recherche en cours : « Léon Sneyers, mine de rien... Padiglione del Belgio : architectes & archives sporadiques », publié dans « Venise 1972-2024 », Direction des Arts Plastiques contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avec WBI, 2024, p. 6-15 (version anglaise en insert, p. 3 à 7). Les archives publiques disponibles à Bruxelles et à Venise, matérielles ou en ligne, contiennent beaucoup plus d'informations que ce qu'indique cet article, écrit comme travail d'approche. S'il faut ajouter bOb Van Reeth et René Greisch à la liste des auteurs de projet, pour un nouveau pavillon resté sur papier, toutes les contributions des architectes Sneyers, De Bosscher, Vallot et Baines ont laissé des traces plus ou moins explicites in situ. L'hybride qui en est résulté s'inscrivait à l'origine, en 1907, dans l'évolution de l'architecture européenne, que deux phénomènes expliquent avec évidence, observés à l'époque par des millions de visiteurs. Tout d'abord, ce pavillon dû à l'opiniâtreté d'Hippolyte Fierens-Gevaert était en continuité directe avec les contributions de la Belgique à la Prima esposizione internazionale d'arte decorativa moderna di Torino 1902, et à la section des Arts décoratifs modernes du compartiment belge à l’Esposizione internazionale di Milano 1906 (dite del Sempione). D'autre part, ce qu'a réalisé Léon Sneyers pour l’Exposition internationale et universelle de Liège 1905, à savoir le pavillon de l’État indépendant du Congo et la section de l’Enseignement, des Sciences et des Lettres (déployée sur environ 2500 m2, soit plus de huit fois le pavillon de l’ÉIC), menait sans conteste à son projet pour l'Esposizione internazionale d’Arte di Venezia 1907. Des investigations comparables montrent tout l'intérêt de faire connaître ce qu'ont apporté les autres architectes, avec le cas très particulier de Georges Baines, le dernier en date, qui a respecté l'évolution du bâtiment tout en lui apportant de quoi entrer dans le XXIème siècle. Ses archives relatives au pavillon, de loin les plus fournies en regard de celles des prédécesseurs, permettent de nourrir une connaissance inédite et détaillée du lieu d'exposition pour l'art et l'architecture en train de se faire en Belgique, le plus connu dans le monde et au prestige inversement proportionnel à ses dimensions modestes. L'indéniable aura de cette œuvre composite est cependant tronquée par l'absence d'une publication dûment documentée et susceptible de faire connaître la richesse des significations qui en émanent. Celles-ci ne ressortissent pas toutes à la seule dimension visuelle, et le décryptage des donénes administratives ou techniques et surtout culturelles, ajouterait à l'icône un héritage immatériel particulièrement éclairant quant au développement de l'architecture moderne, avec heurs et malheurs, au fil du XXe siècle : marqué par les problèmes d'étanchéité des toitures comme par les conséquences des guerres mondiales et désormais par les impératifs bioclimatiques, l'édicule si souvent remodelé a pris une épaisseur historique pour le moins remarquable.
RB
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