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LÉON SNEYERS PARIS 1925 ?

Article relatif à la participation de Léon Sneyers (1877-1948) à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925. Il était chargé de la coordination de l'une des six sections de la participation belge, celle qui a pris place au rez-de-chaussée du Grand Palais. Les contributions originales de Sneyers y étaient imbriquées dans celles de firmes commerciales du luxe, ce qui rend le décryptage a posteriori assez difficile malgré l'abondance des archives. Cet article a été écarté par le comité de rédaction d'une revue papier bruxelloise en mai 2025. Il était lié à un autre article prévu dans la même revue, par conséquent retiré, consacré à l'intervention d'Albéric De Bosscher sur le Padiglione del Belgio à Venise en 1930. Le format compact dû à des consignes éditoriales était sans doute "plombé" (au sens figuré) par l'illusoire nécessité de faire entrevoir la richesse des archives disponibles, sans pouvoir les évoquer, par exemple le Fonds des Expositions universelles conservé aux AGR et consultable via AGATHA.

Illustration principale

 

Paris 1925 : Léon Sneyers au Grand Palais ?

 

L’agencement des sections officielles de la Belgique à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris 1925 relevait des architectes Victor Horta, Oscar Van de Voorde, Paul Jaspar, et au Grand Palais, d’Emiel Van Averbeke à l’étage et de Léon Sneyers au rez-de-chaussée. Créateur de meubles et d’ensembles complets, Léon Sneyers assurait en l’occurrence la coordination technique d’exposants ayant parfois plusieurs casquettes (architecte, entrepreneur, commerçant). Le repérage a posteriori des centaines d’exposants belges est compliqué, de même que la contribution personnelle et spécifique de Léon Sneyers.

 

En vue de l’exposition de céramiques « Art déco » (1) au château-fort d’Écaussines-Lalaing, Clotilde d’Ursel a rapproché deux documents des Archives d’Adrien van der Burch, Commissaire général du Gouvernement depuis Milan en 1906, qui éclairent la présence de Léon Sneyers à Paris en 1925 (illustrations 1 et 2 infra). Il était chargé du « lotissement » (distribution en plan) du Groupement des industries du vêtement et des accessoires, incorporant une partie du Groupe II – Mobilier, et en particulier du plan des cloisons mitoyennes avec les autres sections, de la cohérence esthétique du compartiment, tout en incrustant ses propres créations dans un dispositif plutôt démonstratif et commercial.

 

La référence principale, en cinq volumes, est le mémoire de Werner Adriaenssens consacré à cette manifestation qui a popularisé l’apocope « déco » (2). L’étrange et monumental Pavillon d’Honneur de Victor Horta reste le plus connu des emplacements de la Belgique, au nombre de six avec les Verreries de Fauquez (architecte Joseph Van Neck). Le Catalogue officiel de la Section Belge fourmille d’informations enchevêtrées à la mesure du nombre d’exposants. Le financement de l’opération résultait non d’un subside gouvernemental mais d’une Tombola Officielle, avec appel au patriotisme des exposants, ce que Marius Renard jugeait désinvolte.

 

La tâche Léon Sneyers était compliquée par l’urgence et les luttes d’influence. L’un des visuels du dégagement axial est crédité « Driesmans », et un autre... « Sneyers », mais qui a conçu l’enfilade ? Les surfaces réservées au rez-de-chaussée du Grand Palais ont varié en 1924, totalisant in fine 645 m2. Diverses manœuvres ont abouti à une hybridation pondérée par la diplomatie d’Adrien van der Burch, qui a salué le tour de force : « Sa tâche fut rendue particulièrement difficile en raison de la structure même du Grand Palais à l’endroit mis à la disposition de la Belgique. Cet emplacement en effet était un véritable enchevêtrement d’escaliers et de fermes métalliques. (3) ».

 

L’apport de Léon Sneyers était tributaire des tractations avec « Le Plasticolor » d’Henri Driesmans, qui devait adapter le plan de base à ses techniques et aux produits exposés, tout en composant avec les emplacements de la firme De Coene Frères, de la Collectivité de la Joaillerie et de l’Orfèvrerie (Julien De Ridder & Herman Teirlinck), avec enfin Henri Beirnaert (Atelier d’Art de Courtrai) qui, après diverses tribulations, sollicitait Léon Sneyers pour dessiner une salle à manger et un salonnet intercalés en partie haute, de part et d’autre de l’escalier reliant les collectivités ! Sauf erreur ou omission, Léon Sneyers a imaginé le schéma spatial, l’adaptation du portique d’entrée, deux ensembles décoratifs complets et, tout au fond, une fontaine en granito. Disséminé mais déterminant !

Raymond Balau

 

Note 1 : « Paris 1925 : L’Art déco et la céramique belge », 22 juin - 5 octobre 2025, Château-fort d’Écaussines-Lalaing.

Note 2 : Werner Adriaenssens, Een studie van de Belgische bijdrage aan de Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris, 1925, Licentiaatsverhandeling (L&W), 1996-1997, VUB. Le fonds AGR-ARA correspondant bénéficie depuis 2019 de l’inventaire I 657 : Archives du Ministère de l'Industrie et du Travail. Expositions universelles, internationales et nationales, foires, congrès et salons (Partie I), 1860-1932.

Note 3 : Adrien van der Burch, Note sur M. Sneyers, Léon, s.d. Archives Fondation van der Burch.

 

 

Illustrations

1
1. Installation complète par « Le Plasticolor » Société anonyme, (..) Bruxelles. Création : M. H. Driesmans. Catalogue officiel de la Section Belge, insert pp. 136-137 (idem couverture brochure publicitaire « Le Plasticolor », 1925).
2
2. Belgique. — Galerie d’Exposition. — Sneyers. architecte. L’Architecture étrangère : À l’Exposition Internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, Charles Moreau Éditeur, Paris, 1925 (Pl. 9). Pleureuses de Verbanck à la demande de Sneyers.
3
3. Petite salle à manger en palissandre. – Léon Sneyers [éditeur Henri Beirnaert]. Marius Renard, L’Exposition des Arts décoratifs et industriels modernes. Paris, dans Savoir et Beauté, n°10, 1925, p. 300.