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NAMUR : CITADELLE VERSION CIVILE (1893)

Comme indiqué dans l'article "ROUTE « MERVEILLEUSE » : UN TOPOGRAMME POUR LA RECHERCHE", la présentation de l'étude correspondante devant l'Assemblée générale plénière de la Société archéologique de Namur le 12 juin 2025, aux Archives de l’État à Namur, a mis en évidence le topogramme des ressources archivistiques au sens large, permettant de lever une série d'inconnues quant aux projets et chantiers de cette voie d'exception, tout en enrichissant les arguments sur lesquels appuyer des synthèses quant à une évolution rapide. L'exposé en question était aussi l'occasion, dans la logique du topogramme, de faire un pas de plus en signalant une intéressante concomitance entre le "Projet des promenades de la Citadelle" (1893), conservé dans les collections de la Société archéologique de Namur, et des écrits se trouvant dans celles du Palais royal à Bruxelles. Il n'en fallait pas plus pour qu'un second article soit demandé, portant cette fois sur Elie Lainé et le contexte qui a porté son projet, entre les autorités royale, nationale, provinciale, communale et cet architecte paysagiste encore méconnu.

Illustration principale

UN PLAN RARISSIME... ET DES MILLIERS DE DOCUMENTS INÉDITS

Le plan « Projet des Promenades de la Citadelle » dessiné par Elie Lainé en 1893 est conservé dans les collections de la Société archéologique de Namur, avec quatre bleus relatifs aux projets d’aménagement de la concession de la SA Namur-Citadelle avec à sa tête l’industriel namurois Michel Thonar. Ces plans forment un ensemble incontournable pour l’étude du premier développement civil des abords de la Citadelle telle que réduite à cette époque aux forts de Médiane et de Terra Nova. Ils ne sont accompagnés dans cette collection d’aucun écrit, ce qui  limite la compréhension et surtout la portée de ce documents rare.

Cependant, topogramme oblige, d’autres fonds sont directement en rapport, qu’il faut consulter pour connaître les démarches accompagnant la mutation commencée en 1893. Certains documents antérieurs et postérieurs contenus dans les Archives de la Ville de Namur permettent une mise en perspective et complètent les données consignées dans le Bulletin communal. Une douzaine de boîtes « Namur-Citadelle » sont conservées au Mundaneum, dans les Papiers personnels de Paul Otlet, qui sont peu de chose par rapport aux six kilomètres linéaires de l’ensemble de ces archives, mais qui sont déterminantes pour l’étude des projets Lainé et Thonar. Il existe des archives privées, dans la famille Gérard (apparentement Gérard-Thonar), qui contiennent une centaine de plans inventoriés en 2004, mais qui semblent inaccessibles depuis. En dehors des plans et autres documents graphiques, la prochaine livraison des Annales de la Société archéologique de Namur comprendra un article prolongeant celui publié en 2025, sur les projets et chantiers de la route « Merveilleuse », celui de 2026 étant basé sur la correspondance conservée dans les Archives du Palais royal, soit treize lettres ou notes manuscrites correspondant à l’origine du projet d’Elie Lainé, négocié entre le roi et la Liste civile, le gouverneur de la Province, un ministre, le directeur de la Banque nationale de Belgique, le bourgmestre et l’architecte paysagiste, avec des échanges particulièrement éclairants sur le processus adopté.

En y ajoutant quelques ressources dans la presse de l’époque, cet ensemble documentaire est constitué de milliers de documents, inédits pour la plupart, qui concernent directement les projets Lainé et Thonar. Il y aurait largement de quoi faire une étude approfondie débouchant sur un livre et une exposition ! C’est d’autant plus vrai que ces sources primaires peuvent aisément être complétées par d’autres pour les contextualiser, afin de tirer au clair ce qui restait une zone grise dans la connaissance de l’évolution récente du site de la Citadelle et de ses environs immédiats. Un exemple : les Archives du Palais royal reprennent environ septante dossiers avec des projets d’Elie Lainé commandés par Lépopold II, parmi lesquels certains, pour Ciergnon et Ardenne, pour Ostende et bien sûr pour Bruxelles, avant tout Laeken, permettent de comprendre la démarche d’Elie Lainé en présence de sites complexes et hétérogènes, ce qui était le cas à Namur, son projet incorporant des zones militaires et d’autres privées.

Prochainement, pour le Comité Animation Citadelle, Éléonore Gomrée entreprendra une recherche spécifique à Michel Thonar, en vue d’animations diverses, ce qui apportera sans doute  un nouvel éclairage sur ces questions. De son côté, la Société archéologique de Namur prépare un dossier pour une proposition au classement du projet d’Elie Lainé comme Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles, tandis que quatre « bleus » de Namur-Citadelle sont envoyés en restauration à l’ENSAV La Cambre (département Conservation et Restauration des Œuvres d’Art). Il y a donc du mouvement autour de ces archives laissées par Elie Lainé et Michel Thonar !

 

Illustrations

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01. Copie du « Projet des Promenades de la Citadelle » d’Elie Lainé (1893). Archives famille Gérard.
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02. Concession Namur-Citadelle, projet du Grand-Hôtel, d’un Institut hydrothérapique et de leurs jardins (1893). Archives famille Gérard.
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03. Concession Namur-Citadelle, projet du Grand-Hôtel et de la Plaine des jeux par Albert Jeannin (1893). Archives Mundaneum.
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04. Concession Namur-Citadelle, projet d’aménagement dessiné par les Frères Michiels, architectes de jardin et pépiniéristes à Scherpenheuvel. Photocopie émanant de Jacques Bouton (original non localisé).
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05. Concession Namur-Citadelle, projet d’une publicité avec montage photographie montrant le Grand-Hôtel et le funiculaire (ca 1895). Archives Mundaneum.