Lieux
VASARELYXL 1965 2022
QRONIQ#007 | VASARELYXL | TRANSPARENCE OPAQUE & ILLUSION PROTECTRICE | 1965-2022 —
àrs23 02 2022 — Le nombre de mois de travaux est sans doute un bon indicateur sinon de la taille du moins de la valeur immobilière de l’appartement qui nécessite cette aire de chantier devant l’entée principale ; douze appartements de 80 à 600 m2. En façade sud-est, avenue du Général de Gaulle : les étangs d’Ixelles et l’Abbaye de La Cambre. En façade nord-ouest, rue de Belle-vue : le Jardin du Roi connecté au rond-point Louise, premier grand projet urbain de Léopold II à Bruxelles, avant que commence l’aventure congolaise. Le Jardin du Roi a été réalisé suite à un achat de terrain remontant à 1873. Il était un site majeur dans la liaison entre le centre de Bruxelles et l’Exposition du Solbosch en 1910. Bref un emplacement en or massif — luxe, calme et volupté… — du même tonneau que le penthouse Gillion tout proche, avec jardin suspendu sur deux niveaux presque à 360 degrés, une pièce de Peter Downsbrough ponctuant l’ensemble des terrasses, œuvre qui n’a été remarquée par à peu près personne à La Cambre, alors qu’elle est en place depuis plus de vingt ans. Ici, c’est « une grille en aluminium exécutée d’après un dessin offert par l’artiste Victor Vasarely ». La résidence Val du Roi a été conçue et réalisée en 1964-67 par Lucien-Jacques Baucher assisté par Michel Draps. L'élévation en ligne sur monument.heritage.brussels (Rue de Belle-Vue 2, élévation, ACI/Urb. 34-2-6 • 1965) indique une « claustra en pierre reconstituée ». Le dessin de Vasarely est directement lié à celui d’une œuvre plus ample, à savoir une grille monumentale sur le site de l’Université de Montpellier, à l’entrée de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines. D’autres rapprochements sont possibles, quant aux principes plastiques, par exemple avec l’acrylique sur panneau Ondho I (1959-60, coll. privée) ou avec l’Hommage à Malevitch (1963) conservé au Centre Pompidou. Pour préserver cette grille à la fois discrète et parfaitement intégrée à l’espace d’entrée du bâtiment, qui comprend la petite esplanade d’accès mais aussi un vaste hall au dessin magistral, le tout agrémenté de jeux subtils de transparences et reflets dans les vitrages, l’entrepreneur a d’abord placé un caisson en panneaux de bois, sorte de sarcophage moche et visuellement encombrant. Dans un second temps, on le devine dans l’image ci-dessus, une bâche avec impression photographique de l’œuvre l’a recouvert ! Pour le reste du temps de chantier, le dispositif de protection affiche donc la « transparence » d'un mirage aussi opaque qu'un écran d'ordi. Sous ce « Vasarely » se trouve donc… un Vasarely. Il y a illusion d'optique et illusion d'optique...
… … 2022 — Á suivre…